Une installation en bleus de travail
Patchwork est une installation éphémère in situ proposée par l’Atelier YokYok et curatée par Line Up Urban Art pour la manifestation « Aux bords des paysages » organisée par les communes du Grand Pic Saint Loup dans l’Hérault (FR) entre juin et octobre 2025.
Dans la continuité de son travail sur le fil et la couleur, YokYok explore la transformation de tissus de vêtements récupérés. Ici le « bleu de travail » usé ou issu de surproductions ou de fin de stocks évoque une activité artisanale et surtout industrielle qui résonne avec le passé ouvrier des villes de l’Est Parisien, où YokYok travaille.
PatchWork se déploie sur le grand mur de la place entre l’église et le château. L’installation met en scène des bleus de travail récupérés. L’agrégation morcelée de ce tissu spécifique reconstitue un collectif imaginaire lié physiquement au monde du travail, uni par la forme et le monochrome.
L’installation habille la façade comme un costume, une tapisserie, un rideau. Légère et réactive au vent, elle évoque le décor, autant que l’habit et le plumage. Comme une tenture ou une tapisserie, l’installation dialogue avec le site. À la manière d’une étoffe, suspendue, apanage de l’évènement, elle invoque le registre plastique de la mise en scène festive médiévale, avec ses fanions, ses tissus et ses couleurs.
Par un effet de décollement et d’inclinaison presque accidentelle, elle montre sa finesse et sa fragilité contrastant avec la force imposante des lieux, et joue avec les liens entre architecture, matière et temporalité. PatchWork met en opposition un matériau contemporain, souple, lié à l’époque industrielle et fortement connoté au travail avec un site préservé au patrimoine médiéval et roman, marqué par une omniprésence de la pierre.
Par l’usage d’un matériau de ré-emploi, parfois usé ou parfois issu de surproductions ou de fin de stocks, l’oeuvre parle d’une époque contemporaine, à la fois vivante et sur-productive qui résonne avec un héritage culturel inerte et minéral, lui-même témoin d’une époque jadis riche et capable de chantiers collectifs pour des constructions aujourd’hui centenaires.
YokYok s’inspire de l’art textile, de la pratique du patchwork et du fiber art pour élaborer des textures et générer des surfaces avec des techniques simples et low-tech. Ses sources d’inspiration vont des artistes modernes et Bauhaus comme Annie Albers à des plus contemporaines comme Magdalena Abakanowicz ou Olga de Amaral en passant par des oeuvres plus spatiales comme Ernesto Neto ou Chiharu Shiota. YokYok s’intéresse autant à la matière qu’a la force de la couleur pour dialoguer avec les lieux de ses installations in situ.
Dressée comme un écran, l’installation offre une toile de fond pour se mettre soi-même en scène devant l’abstraction. L’effet de courbure vient envelopper les personnes qui s’en approchent et renforce le côté immersif de l’installation. Cette inclinaison met le plan en dévers et avec la gravité, donne du volume à la surface. Les morceaux de tissus s’espacent, créent des ombres et du mouvement.