Accueillir les changements futurs
Centre de formation aux techniques manuelles par ZAV Architects. Typeless est situé sur l'île d'Ormuz dans le golfe Persique, au sud de l'Iran. Il s'agit d'une plateforme de deux étages pour des initiatives éducatives, avec un bâtiment adaptable dans l'espace à des modifications futures.
L'Iran a une longue tradition d'utilisation de matériaux disponibles ou mis au rebut pour créer des produits utiles, voire précieux, tels que les tapis. Les fabricants de tapis prennent une matière première ordinaire comme la laine, la colorent avec des résidus de plantes et, en utilisant de l'huile d'olive, la rendent plus résistante à l'usure.
La moquette sert littéralement à tout : on s'y assoit, on y mange, on y dort, on y reçoit des invités, on y étudie, et bien d'autres choses encore. C'est un objet qui rend l'espace adaptable à différentes activités. Cependant, la découverte du pétrole a entraîné un déclin des anciens modes de vie durables, jugés inutiles. Il en a résulté des importations excessives et des dommages environnementaux. La construction n'a pas été une exception dans ce paradigme du consumérisme. L'urbanisation et la croissance de la population ont conduit à une construction à forte intensité de ressources, basée sur la démolition et la reconstruction avec l'argent du pétrole.
Le projet réintroduit l'ancienne économie circulaire durable, qui favorisait le recyclage et la création de valeur zéro déchet dans l'économie iranienne dépendante du pétrole. Il utilise les ressources et les matériaux disponibles ainsi que les capacités souvent négligées de la main-d'œuvre locale pour créer des modèles qui s'adaptent aux besoins futurs.
Le matériau le plus disponible à Ormuz est le bloc de ciment, et les habitants de l'île ont le savoir-faire pour l'utiliser. On peut considérer qu'il s'agit du nouveau matériau local. Outre les blocs de ciment, la construction de Typeless implique une structure en béton et des échafaudages, qui sont d'autres modes de construction facilement disponibles sur l'île.
La combinaison de ces matériaux et techniques de faible technicité et de première qualité a donné naissance à une structure adaptable qui crée de la valeur pour ses utilisateurs. Dans ce bâtiment, il est possible de modifier les dimensions, les positions et les relations des espaces ouverts et fermés pour répondre à des besoins imprévus sans démolitions majeures. Cet objectif est atteint sur le plan architectural en créant des espaces libérés des contraintes liées à la gravité, aux précipitations, à la fourniture d'énergie et à l'accès horizontal et vertical :
Une structure en béton supporte le poids d'une dalle unifiée, et les unités spatiales peuvent être construites n'importe où sur ce plan
Une structure d'échafaudage crée une circulation indépendante réglable vers chaque coin du bâtiment.
Un toit en auvent, soutenu par la structure d'échafaudage, protège les espaces situés en dessous des précipitations, à la manière d'un parapluie, et les libère de la nécessité d'une isolation.
Les éléments électriques et mécaniques des canaux de distribution sont tous réglables et alimentent tous les espaces par différents flux latéraux, avec de nombreuses options disponibles.
Les couloirs vides entre les espaces fermés facilitent la ventilation et, avec le toit en auvent, ils réduisent la température moyenne de 14°C dans le climat rigoureux de l'île.
L'apparence physique qui résulte de ce processus est adoptée et fait partie intégrante du produit architectural, même après l'achèvement du bâtiment. L'adoption de cette apparence permet d'accueillir les changements futurs. Il s'agit d'une esthétique qui ravit l'utilisateur en le servant, et qui cherche donc à faire en sorte que la pratique de la discipline architecturale soit bien accueillie par les usagers.
