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Une nouvelle icône

Avec la Tour du Port de Montréal et sa terrasse fluviale, Provencher_Roy et NIPPAYSAGE complètent la transformation du Grand Quai et donnent un deuxième souffle à une installation portuaire autrefois désuète.

La Tour du Port de Montréal, signée Provencher_Roy, constitue la touche finale du réaménagement du Grand Quai qui a débuté en 2013, fruit d’une conception intégrée alliant architecture et paysage. D’une hauteur de 65 mètres, cette nouvelle icône du Vieux-Port offre un observatoire spectaculaire sur la métropole et le fleuve. Tel un phare, elle agit comme repère visuel pour les visiteurs arrivant par bateau et signale l’entrée du Port. Pour les Montréalais, elle indique la présence du quai et d’une grande place publique depuis les zones piétonnes du Vieux-Montréal.

« En tant que Montréalais, nous avons tendance à oublier qu’on habite une île. Avec la Tour d’observation, je voyais une opportunité fantastique d’apprécier en même temps le fleuve et la montagne, avec des vues époustouflantes de la ville. Ainsi, la Tour sert à tisser un lien entre nos deux icônes culturelles : le majestueux fleuve Saint-Laurent et le Mont Royal », explique Sonia Gagné, architecte associée principale chez Provencher_Roy et chargée de conception du projet.

Longtemps coupé de la ville et peu invitant, le Quai Alexandra (aujourd’hui renommé Grand Quai) n’était accessible qu’aux croisiéristes arrivant par bateau à sa gare maritime. L’intention des concepteurs dès le début du projet était de rendre le quai et le fleuve accessibles aux Montréalais et d’y créer un espace public de qualité. En conséquence, la Tour a été conçue de façon à minimiser son emprise au sol, libérant ainsi l’extrémité du quai, lui permettant un abaissement jusqu’au fleuve et la création d’un nouveau parc inondable : la Place des commencements.

« Il fallait un geste fort au bout de la jetée pour attirer les piétons. On désirait créer un espace soulignant la richesse du lieu tout en proposant un parc, un espace que les gens peuvent s’approprier », explique Sonia Gagné.

La Tour d’observation devient ainsi une destination de Montréal. Elle surplombe la Promenade d’Iberville, la promenade fluviale installée sur le toit vert de la gare maritime réhabilitée. Le volume en porte-à-faux, orienté vers la ville, offre depuis sa plateforme d’observation au 13ème étage des vues à 360 degrés sur la ville et le fleuve. Conçue comme espace multifonctionnel, la plateforme d’observation sert de centre d’interprétation ouverte au public et d'espace événementiel à la location. Un escalier hélicoïdal monte depuis la plateforme d’observation et invite les visiteurs à une ascension à travers un geste sculptural visible de la ville. L’escalier brille à travers la façade et sa forme rappelle les escaliers en colimaçon typiquement montréalais. Sa couleur dorée évoque le blé, céréale majoritairement exportée durant l’âge d’or du Port de Montréal. Au sommet, une cage de verre prolonge l’expérience et projette les visiteurs à 55 mètres au-dessus du Grand Quai offrant une expérience vertigineuse.

Avec sa silhouette complètement vitrée, la structure d’acier et le cœur en béton de la Tour sont rendus visibles, un hommage aux formes industrielles monumentales faisant jadis partie du Port de Montréal.

« On a choisi de rendre la structure de la Tour visible et faire écho au patrimoine industriel présent sur le site – aussi, c’est un clin d’œil à la Tour des Convoyeurs sur la jetée adjacente qui autrefois déchargeait les bateaux de grains », ajoute Sonia Gagné.

Contexte du projet de réaménagement

Situé sur un site exceptionnel dans le Vieux-Montréal, le Grand Quai est l’un des principaux quais construits au début du 20e siècle, à une époque où Montréal était un important port d’exportation de céréales. D’une longueur de 305 mètres et d’une largeur de 91 mètres, il était occupé au départ par quatre immenses hangars de stockage.

Changement de vocation industrielle en vocation récréotouristique

Dans les années 1960, les opérations portuaires liées à l’exportation de céréales sont déplacées à l’est de Montréal. Les installations de la jetée sont alors transformées en gare maritime afin de soutenir une activité récréotouristique, accueillant des bateaux de croisière venant du monde entier. Malgré des investissements de maintien importants au cours des années, ces infrastructures présentaient des signes marqués de vieillissement et de désuétude opérationnelle qui compromettaient leur capacité à rendre les services attendus.

Provencher_Roy est lauréat du concours lancé par l’Administration Portuaire de Montréal en 2013 qui cherchait à moderniser les installations de la gare maritime et ainsi à répondre à la demande croissante de bateaux de croisières. Les architectes ont repensé complétement l’accès au site et ses circulations.

Aujourd’hui, la gare maritime, avec son architecture totalement remodelée, accueille désormais ses passagers au niveau du sol plutôt qu’à l’étage supérieur. Cela permet d’y rationaliser les mouvements véhiculaires et de dégager des espaces à l’usage exclusif des piétons sur le toit même de la gare maritime. L’aménagement paysager au sol permet une plus grande fluidité de mouvement, simplifiant considérablement l’accès des véhicules aux installations portuaires et aux espaces de stationnement encore disponibles dans les anciens hangars.

Un site accessible au public connectant la ville au fleuve

Les aménagements extérieurs, conçus en collaboration avec NIPPAYSAGE, redonnent ainsi la place aux piétons :

« La stratégie était de créer un paysage humble qui préserve l'importance de l'histoire industrielle exceptionnelle du site, tout en créant une nouvelle destination chaleureuse et invitante. Mais cet objectif devait être atteint à l'échelle du site, où chaque geste simple a été réalisé à grande échelle afin de s'intégrer au contexte industriel », explique Josée Labelle, architecte paysagiste, associée et membre fondatrice de NIPPAYSAGE

Sur la toiture de la gare maritime réhabilitée en promenade de bois, NIPPAYSAGE a utilisé les technologies de pointe de toits verts pour créer un jardin composé de plus de 20 000 plantes, sélectionnées en s’appuyant sur l’étude approfondie des espèces adaptées aux conditions extrêmes de chaleurs, de froid et de vent. Nommée Promenade d’Iberville, la promenade donne accès à la Place des commencements au bout du quai en passant par une grande terrasse en bois aux motifs de chevrons, ponctuée d'arbres indigènes aux couleurs de l'automne, notamment des essences d’érables du Québec, des ormes et des pins blancs, historiquement utilisés pour fabriquer des mâts de bateaux.

Ce parcours piétonnier complète le réseau des espaces publics du Vieux-Port et retisse, de manière exemplaire, les liens entre la ville et le fleuve Saint-Laurent.

« Le client souhaitait une gare maritime de classe mondiale. Nous sommes allés plus loin que la commande initiale en rajoutant des espaces publics, avec la volonté de créer une destination accessible à tous. Nous avons donné une deuxième vie aux installations industrielles en adaptant la programmation pour qu’elle soit inclusive et qu’elle rajoute à la qualité de vie des Montréalais », conclut Sonia Gagné

— 18 janvier 2024 —