Vers la neutralité carbone avec VELUX
Le secteur du bâtiment représente jusqu’à 40 % de la consommation énergétique et des émissions de CO2 mondiales. VELUX, leader mondial des solutions pour le confort de l’habitat, réinvente la construction durable avec ‘Living Places’, un projet novateur en partenariat avec EFFEKT Architects et Artelia. A Copenhague, VELUX présente un ensemble de sept prototypes, à savoir cinq pavillons ouverts et deux maisons complètes.
A travers cette initiative, la marque incarne une vision futuriste de l’habitat, et promet de réduire l’empreinte carbone tout en améliorant le bien-être des habitants. ‘Living Places’ a déjà remporté le prix EY Sustainability dans la catégorie innovation, le prix Innovative Design des Bo Bedre Magazine's Design Awards, le "Sustainable Future Award" et le "Merit Award for Architecture" de l'American Institute of Architects, ainsi que le prix du meilleur projet résidentiel aux MIPIM Awards 2024.
Rencontre avec Sinus Lynge, co-fondateur de EFFEKT Architects.
Comment le projet ‘Living Places’ est-il né ?
Le projet a été initié il y a plus de 3 ans par VELUX. EFFEKT développait diverses recherches autour de solutions architecturales à trouver en rapport avec le changement climatique, et approfondissait l’analyse de l’empreinte des bâtiments dans ce contexte. VELUX avait déjà lancé en 2009 le projet Green Lighthouse, le premier projet neutre en CO2 au Danemark, et voulait amplifier sa démarche dans un projet encore plus emblématique. Avec VELUX, nous nous sommes associés au bureau d’ingénieur Artelia pour réfléchir à des techniques de construction permettant à la fois de réduire l’impact environnemental et d’améliorer la santé humaine.
Après 1 an de réflexion, nous sommes arrivés à un prototype qui pouvait répondre à ces préoccupations. Notre approche cherche à fusionner l’idée d’habitabilité et de durabilité, qui sont intrinsèquement liées. En développant 5 principes directeurs (maisons saines, adaptables, simples, évolutives et économiquement abordables), nous avons déterminé des typologies permettant une meilleure circulation de l’air dans des doubles hauteurs et une bonne répartition de la lumière. La toiture qui s’étend sur deux niveaux permet de diminuer l’emprise visuelle au sol et l’ombre portée des différents bâtiments, favorisant un surplus de lumière, et permet aussi d’y inclure des panneaux solaires.
Nous avons pu démontrer qu'il est possible d'obtenir une empreinte carbone 3 fois inférieure et un climat intérieur 3 fois meilleur que dans une maison unifamiliale moyenne, comme on en construit majoritairement en Europe. Cette économie carbone commence déjà avant la construction, par l’utilisation du bois, puis durant toute la vie du bâtiment, qui peut ensuite être démonté ou rénové sans difficulté. Nous avons découvert que par un choix judicieux des matériaux, il est déjà possible de diminuer de 66% les émissions de CO2 sur une durée de 50 ans. C’est une démarche qui ne demande pas de surinvestissement particulier, qui est accessible à tous, et qui fait une réelle différence.
Nous avons ensuite développé différentes variantes, avec un nombre d’étages multiples, qui pouvaient répondre aux mêmes critères. Il était essentiel d’optimiser l’habitabilité à l’intérieur du bâtiment, la gestion du climat intérieur étant aussi importante que celle du climat extérieur. Les matériaux utilisés sont donc tous garanti pour avoir un faible impact sur la qualité de l’air intérieur. Les prototypes ‘Living Places’ sont dotés d'une ventilation naturelle, d’une lumière du jour et d'air frais, dont il a été prouvé qu'ils améliorent la santé. Il en va de même pour la gestion de l’acoustique.
Quels sont les dispositifs architecturaux qui ont prévalus dans la conception de ces habitations ?
Nous avons privilégié les communications visuelles verticales et le contact direct avec la nature. L'extérieur pénètre visuellement à l’intérieur, permettant aux habitants de suivre la lumière tout au long de la journée, ainsi que les changements saisonniers de la nature tout au long de l'année. Les ouvertures de plancher permettent de donner à l’intérieur une impression d’espace et de dégagement visuel. Les différentes qualités de lumière, en fonction des angles de projection, donne une variété d’ambiances dans la maison. A l’intérieur du bâtiment, toutes les installations sont visibles et directement accessibles. Il n’y a pas de nécessité de destruction pour atteindre certaines parties des réseaux techniques, en cas de nécessité de réglage ou de réparation, par exemple.
Comment cette première expérience pourra-t-elle se prolonger ?
Le principe est actuellement de passer la main aux constructeurs. Le premier prototype ‘Living Places’ en dehors du Danemark, la maison Smûk, a ouvert ses portes à Dokkum, en Frise, aux Pays-Bas. Le prototype est construit par le constructeur de maisons néerlandais, Bouwgroep Dijkstra Draisma (BGDD), qui a conclu un accord de partenariat sur le concept ‘Living Places’ avec le groupe VELUX en 2023.
Le projet suscite également un intérêt dans des circonstances très particulières. En collaboration avec SOS Children’s Villages Ukraine, les autorités ukrainiennes, les municipalités et divers partenaires, dont le groupe VELUX, SOS Children’s Villages Danemark a lancé une initiative à long terme pour la construction de trois groupes de bâtiments ‘Living Places’ visant à assurer la réadaptation psychologique des enfants privés de soins parentaux dans toute l’Ukraine. Ces bâtiments comprendront des résidences pour les familles d’accueil, des espaces récréatifs et sociaux partagés pour les résidents et les communautés locales, ainsi que des centres sociaux offrant une gamme de services de soutien psychosocial aux familles.
Vous participez également à l’un des plus grands projets de réaménagement urbain en Belgique, le projet « Lake Side » à Tour & Taxis, et vous avez aussi des projets en cours à Hasselt…
EFFEKT est une des équipes sélectionnées pour une partie du projet de réaménagement urbain de Tour & Taxis par Nextensa. EFFEKT a été sélectionné comme l'un des cinq cabinets pour concevoir un complexe résidentiel de 65 000 m2. Nous rejoindrons une équipe comprenant Binst Architects, Cobe, HUB Architecture & Urbanism, POLO Architects avec Bureau Bouwtechniek occupant le rôle d'architecte exécutif.
Le plan directeur a été développé par MVRDV et ils continueront à travailler comme urbanistes pour le compte du promoteur. EFFEKT se verra confier un développement de l'ordre de 8 000 à 20 000 m2 pour développer et concevoir un nouveau concept de logement, également très en lien avec des espaces verts. Dans un esprit de co-création avec les architectes sélectionnés, le projet se concentrera sur une construction à l’épreuve du temps et sur la création d’un quartier résidentiel social de haute qualité.
Comment est né votre bureau ?
Nous avons débuté l’agence EFFEKT après avoir été lauréat d’un concours alors que nous étions encore étudiant. Nous avons formé une société pour pouvoir gérer les fruits de ce concours, en 2003. Ce n’est qu’en 2007 que nous avons véritablement établis une agence et une association plus pérenne. Nous participons à de nombreux concours. Le nom EFFEKT vient du fait que nous voulons avoir un impact réel sur le lieu de nos constructions, et cet impact doit aussi se mesurer en termes de durabilité et de climat. C’est aussi un impact culturel et social.
Comment associer le degré technique et conceptuel dans une architecture ?
L’architecture est le lieu de la rencontre entre ces deux aspects. L’architecture met en forme la relation entre l’humain et son lieu de vie. Elle relie le milieu naturel et la manière dont nous appréhendons cette nature. L’architecte gère cette complexité comme un tout, dans le but de reconnecter l’humain et la nature, en considérant que l’homme en est un élément constitutif et non un élément distinct.
La bonne architecture est-elle toujours, d’une certaine manière, un prototype ?
L’architecture est un moyen de créer du changement, notamment dans les types d’habitat dont nous aurons besoin dans le futur. Il y a des propositions nouvelles qui doivent émerger, et être testées. Nous considérons toujours nos projets dans un contexte à la fois local et global, plus large, avec la volonté de créer une valeur sociétale au-delà de la demande du client. C’est par cette manière, à mon avis, que le changement peut s’opérer.
Est-il facile de compléter ou de dépasser la demande du client ?
Ce que nous avons appris, notamment du projet VELUX en particulier, c’est que si l’on veut un vrai changement de paradigme, il est nécessaire de s’entourer des bonnes personnes, et les clients en sont partie intégrante, avec les ingénieurs, les constructeurs. Si tout le monde vise le même but, le projet peut aller très loin. Il est nécessaire d’intégrer tout le monde dans une réflexion large, performative. Travailler en silo, de manière isolée, est un non-sens. Pour le projet ‘Living Places’, nous étions tellement proches, dans une conception holistique, que nous en sommes même arrivés à ne plus savoir exactement pour qui les gens travaillaient.
Quel rapport faites-vous entre le projet initié par VELUX et le projet, célèbre également, de tour dans la forêt ?
Les deux projets cherchent à reconnecter l’humain et la nature. La tour est un moyen de contemplation de la nature, en particulier la forêt. L’architecture devient un relais qui permet la mise en relation avec l’environnement. Elle devient un transmetteur.



Camp Adventure Forest Tower, Rønnede (DK)