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L’espace négatif

    Ludwig Godefroy a composé une saisissante méditation sur l’espace négatif avec Casa Soskil, une résidence qui inverse la relation conventionnelle entre forme bâtie et paysage.

    Plutôt que de concevoir une maison avec un jardin adjacent, l’architecte a imaginé un jardin avec une maison – une refonte radicale où le vide, l’air libre et la canopée vivante des arbres définissent l’architecture elle-même. Ici, le vide n’est pas résiduel ; il est l’origine, le générateur de la forme et de la vie.

    Des structures géométriques flottantes encadrent les arbres préexistants, créant des ouvertures monumentales qui orchestrent les vues, modulent l’intimité et invitent la nature à dominer l’espace. Ces gestes protègent les habitants du regard indiscret des voisins tout en cultivant un profond sentiment d’intériorité en plein air. Le résultat est une maison qui semble moins habitée qu’elle ne l’est – par les arbres, la lumière changeante et le jardin lui-même.

    Casa Soskil est aussi un essai tout en contrastes, composé à partir des dualités naturelles du site. À l’avant, baignée de soleil, la vie se concentre autour d’une piscine et d’un solarium, véritable espace lumineux d’énergie sociale. Vers l’arrière, ombragé, la vie ralentit vers l’introspection, avec un foyer, des chambres et un bureau encastré dans les ombres tamisées. Cette fragmentation délibérée de la vie domestique en pôles d’activité et de repos transforme le mouvement à travers la maison en une danse rythmée entre ombre et lumière.

    Les frontières entre intérieur et extérieur se dissolvent complètement. Les chambres flottent parmi les arbres tels des abris sur pilotis, tandis que le jardin lui-même devient le tissu conjonctif du quotidien. Le projet de Godefroy est moins un objet placé dans un site qu’une chorégraphie des conditions existantes, un environnement vivant et respirant où l’architecture s’incline avec grâce devant l’autorité du vide.

    — 14 mai 2025 —