Chacarita Moderna : la nécropole brutaliste de Buenos Aires
Un cimetière est un reflet d'une société à un moment précis de l'histoire. Tel un double de la ville, il illustre une vision sociale et culturelle de l'être humain : sa conception de la mort, ses croyances et idéaux. Itala Fulvia Villa réalise le Sexto Panteón (aussi appelé Panteón Subterráneo) dans un contexte de post seconde guerre mondiale prospère pour l'Argentine.
Le pays est alors une des premières puissances mondiales et le deuxième pays d'accueil des populations européennes derrière les Etats Unis. Entre 1920 et 1960, le nombre d'habitants de Buenos Aires triple, passant d'un à trois millions, et génère un besoin croissant de place dans les nécropoles. La ville charge IFV, travaillant à l'époque pour la direction générale d'Architecture et d'urbanisme de la ville, d'imaginer une solution pour répondre au besoin urgent de gestion de ses morts. En rupture avec les architectures funéraires du passé, l'architecte propose de réinventer le cimetière Moderne.
Construit entre 1950 et 1958, le Sexto Panteón est une expérimentation unique des préceptes de l’architecture Moderne appliquées au domaine funéraire à l'échelle d’une sépulture collective. Telle une réinterprétation moderne des catacombes romaines, Itala Fulvia Villa imagine une nécropole souterraine organisée sur deux niveaux pour laisser libre le niveau du sol comme un jardin. Des temples d'accès à l’esthétique brutaliste, dessiné avcec l’architecte argentin Clorindo Testa (1923-2013) annoncent l’entrée dans l’inframonde. Le Sexto Panteó est un monde labyrinthique et futuriste, un dédale de galeries funéraires éclairées par des patios où des escaliers en béton se développent comme des escalators et les cercueils se déplacent en ascenseur.
Dans le Sexto Panteón, chef oeuvre d’oeuvre d’architecture brutaliste, le caractère sacré propre à un cimetière transparaît à travers la subtilité du travail du béton. Même si sa surface brute est affirmée avec force, ses textures sont multiples et de mystérieux motifs viennent orner les volumes et les structures les plus massifs. Cette attention particulière au détail contraste avec l’échelle massive du projet et les principes même du Brutalisme.