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Pénurie et hausse des prix dynamisent les filières de construction circulaire

Pénurie et hausse des prix dynamisent les filières de construction circulaire

Le secteur du bâtiment est depuis plusieurs mois durablement impacté par des problèmes d’approvisionnement. Retards de chantier, pénurie longue de certains matériaux et inflation généralisée font désormais partie du quotidien et impose au secteur de bâtiment de repenser son mode de fonctionnement. Ainsi, certains acteurs de la filière, dont Cycle Up, sont convaincus que cette crise peut être le démarrage d’un nouveau cycle favorisant l’économie circulaire dans le bâtiment et promouvant le réemploi comme la meilleure solution aux pénuries de matériaux.

Les raisons  des pénuries de matériaux  

Si plusieurs évènements conjoncturels ont accéléré le déséquilibre entre l’offre et la demande de matériaux, certains facteurs s’avèrent plus structurels et la problématique énergétique impose aujourd’hui de repenser les sources et cycles d’approvisionnements.  

La crise sanitaire

La fin progressive de la crise de la covid s’est en effet accompagnée d’un redémarrage fort de la consommation, notamment des marchés importants en volume comme la Chine ou les États-Unis. Alors que les chaînes de production tournaient au ralenti depuis plusieurs mois, la plupart des usines n’avaient plus de stocks tampons. Le redémarrage s’est accompagné d’importants goulots d’étranglement : l’offre actuelle ne suffit pas à contenter la demande trop forte.  

Les taxations et restrictions nationalistes

De plus en plus de nations ont par ailleurs pris le parti de politiques nationalistes, soit pour protéger leur marché intérieur ou leurs alliés, soit en représailles de divers conflits d’intérêts. Ces politiques impactent de manière importante les sources et flux d’approvisionnement. Par exemple sur le bois, la Chine a gelé les opérations sur ses forêts afin de protéger ses ressources propres. Les Etats-Unis ont instauré une taxe importante sur les bois d’œuvre canadiens. La demande s’est ainsi tournée massivement vers l’Europe, impactant significativement le prix du bois pour les Européens.  

Le conflit en Ukraine

Le conflit actuel et ses conséquences géopolitiques ont également généré de nouvelles problématiques, en particulier sur l’approvisionnement en acier et en métaux rares fortement produits en Russie et en territoire ukrainien. Alors que l’acier est un matériau clé dans la construction d’un bâtiment, il sert par ailleurs à toute la fabrication des engins de chantier tels que grues et tractopelles. Cette pénurie a donc des impacts significatifs sur de nombreux points de la chaîne. 

L’énergie

Enfin, l’élément le plus structurant reste la problématique énergétique. Alors que le prix des carburants et de l’électricité ne cesse de monter, les trajets sur chantier, déplacements et transports de matériaux sont également très impactés.

De nombreux produits nécessitent également des fontes ou cuisson à très fortes températures : tuiles, briques, carrelage ou aluminium. Leurs coûts de fabrication sont devenus exorbitants et certains fabricants préfèrent stopper leur production. Pour d’autres matériaux de second œuvre fabriqués en Asie par exemple, la multiplication des coûts de fret a également durablement impacté les prix rendus sur site et l’inflation s’ajoute à la problématique de disponibilité. 

Les matériaux les plus impactés par les difficultés d’approvisionnement 

Concrètement, on constate que quasi tous les matériaux de construction sont concernés par la problématique de pénurie.  

Le bois est certainement l’un des matériaux les plus touchés et qui génère le plus d’inquiétude auprès des entreprises françaises du bâtiment. Certains industriels annoncent du +120% pour le bois lamellé, +100% pour l’agglo et +50% pour le contreplaqué. La pénurie est tellement forte que certains fournisseurs ont établis de nouvelles règles de premier arrivé / premier servi et refusent surtout de s’engager sur des volumes et des dates de livraison. 

La filière métallurgique est aussi particulièrement impactée par des hausses de prix très significatives. Depuis fin 2020 : l’aluminium a connu une hausse de plus de 60% en un an à 3500 $ la tonne, il est devenu très difficile à approvisionner à courte échéance. De même, l’acier a doublé, pour se situer à 1300 $ la tonne en février 2022.  

D’autres matériaux ont également été touchés, même si dans de moindres proportions, par les pénuries et augmentations tarifaires conséquentes : le cuivre, le verre, les panneaux isolants (impactés par la hausse du polyuréthane), le plâtre etc… Le prix du PVC a lui quasiment doublé depuis 2020, retardant et impactant ainsi les livraisons de fenêtres ou de tuyaux de plomberie.

Des pénuries et une inflation qui impacte tous les chantiers

On réalise ainsi que les chantiers ne peuvent qu’être impactés par des retards d’approvisionnement, en obligeant certains à se mettre en pause le temps d’être livrés des éléments nécessaires. On parle de 20 à 30% des chantiers concernés.    

La majorité des entrepreneurs du BTP se retrouvent donc avec des carnets de commandes signés il y a quelques mois, sur la base de prix ayant considérablement augmenté depuis, et qu’ils ne peuvent la plupart du temps plus honorer, même en rognant sur leur marge et leur trésorerie. 

Alors que les pénalités de retard ont été suspendues par l’état et qu’une filière de médiation a été mise en place dans le BTP, beaucoup de professionnels réclament aux pouvoirs publics une indexation du montant des chantiers sur les prix des matériaux pour les chantiers déjà signés. 

Chercher des solutions pérennes

La mise en perspective des problématiques actuelles nous amène à percevoir qu’elles ne sont pas près d’être résolues rapidement. La matière va forcément manquer et les transports longue distance renchérir, rendant ainsi nos sources d’approvisionnement actuelles intenables à long terme. 

L’énergie est un des défis environnementaux les plus stratégiques. De nombreuses études scientifiques le mettent en lumière régulièrement, que ce soient les rapports du GIEC comme de nombreux autres. Si l’argument écologique n’a jusqu’à présent pas suffit à convaincre massivement et à transformer le marché, les pénuries et l’inflation actuelles représentent peut-être l’occasion de voir les usages et la perception de la matière changer.  

Une activité vertueuse

Le réemploi des matériaux et équipements de construction présente un triple avantage :  

Il représente une démarche écologique qui permet de limiter les déchets des bâtiments, qui pèsent actuellement plus de 240 millions de tonnes par an. 

C’est une solution souvent plus économique – les matériaux ont été achetés moins cher, à des périodes moins compliquées, et sont souvent amortis.

C’est une solution locale et disponible de suite, qui permet de contourner les problématiques actuelles, même pour les petits acteurs défavorisés dans la course aux matériaux en pénurie. 

Le mal-logement reste une problématique structurante de notre société. Il est important de maintenir une dynamique de rénovation et de construction visant à résoudre de nombreuses situations de détresse sociale. Toutefois, l’économie circulaire et le réemploi associés à l’éco-conception peuvent permettre de relever le défi de construire mieux, plus intelligemment et avec finesse, en utilisant la matière avec préciosité et en lui redonnant la valeur qu’on lui avait oubliée en période d’insouciance quant à sa disponibilité. Le réemploi représente ainsi une solution très complète aux pénuries de matériaux.

Les crises que nous traversons actuellement doivent permettre de nous poser les bonnes questions et de redonner de la valeur à ce qui nous entoure. Cycle Up s’est donné comme objectif d’économiser les ressources, en réduisant les déchets et en trouvant une deuxième vie aux matériaux déjà présents. Construire avec le réemploi, c’est construire bas carbone et local !

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